De nombreux parents ou proches me contactent, car ils sont désespérés. lls ne savent plus comment procéder avec leur fils/filles ou leur ami ou conjoint.

Au fil des échanges, je réalise que la part vouée au conseils et à l’action est mineure au regard de la part vouée à l’observation et à l’écoute. Si vous vous reconnaissez dans cette situation, vous avez un immense champ d’investigation devant vous, et un champs qui va vous permettre d’évoluer voire de vous libérer de méthodes qui ne fonctionnent pas !

Si les diagnostics se situent dans le spectre de la psychose, trouble de la personnalité, bi-polarité, anorexie, schizophrénie, autisme, etc, vous savez d’emblée qu’ils sont sévères et persistants. Aucune solution miracle ne résorbe ces troubles, du moins rapidement et radicalement. Du coup, ce ne sont pas les conseils « simples » qui vont aider, et vous donner de l’espoir, bien au contraire.

Face aux conseils :

Dans ma pratique, j’ai constaté que lorsqu’un conseil est prodigué à trois reprises sans apporter de changement notable, il n’est pas approprié. Il faut donc changer de stratégie. Cette règle est également valable pour l’éducation des enfants.

Deux raisons, parfois combinées, font qu’un conseil n’est pas bon :

1- Il n’est pas compris

2- Il n’est pas réaliste, donc pas applicable

Nous savons que le réflexe d’apporter des conseils émane d’une bonne volonté certes, mais motivée le plus souvent par notre propre peur et notre impuissance. En effet, il est légitime de souhaiter le meilleur pour les personnes que nous aimons, à fortiori pour notre progéniture.

Qu’avons-nous le pouvoir de changer ?

Dans les fait, nous savons également que « changer l’autre » est souvent une mission impossible ! Combien de conjoints ont accepté certains « défauts » de leur partenaire en se disant qu’ils allaient le-la changer… pour constater à terme que le naturel revient au galot !

Cela est vrai pour l’autre, mais également pour nous-même. Dans nos sociétés basées sur l’individualisme, l’accomplissement de soi et la quête du bonheur, nous sommes inondés de messages qui nous laissent croire que nous pouvons facilement changer. Dans les faits, non seulement nous constatons que nous changeons peu, mais que nous sommes ancrés, voire emprisonnés, par nos habitudes, nos routines et nos modes de pensée. La marge de manœuvre basée sur la volonté et les efforts pour changer est très fable.

Toutefois, c’est sur nous-même que nous avons le plus de pouvoir pour changer les choses.

Du conseil à l’observation et à l’écoute

Toute bonne écoute est basée sur le fait que :

1- Nous ne connaissons pas l’intimité de l’autre ;

2- Nous ne savons pas ce qui est bon pour l’autre ;

3- Nous avons tendance à interpréter les dires de l’autre.

Ce n’est pas une attitude facile à prendre, car rapidement nos craintes prennent le dessus et nous retombons dans les conseils. Si, par exemple, vous écoutez votre fils qui parle de ses voix (hallucinations auditives), vous aurez envie de dire qu’elles ne sont pas réelles, qu’elles sont aberrantes, etc. Si vous insistez, il va se fermer comme une huitre, et ils ne vous en parlera plus, éventuellement pour ne pas vous inquiéter si vous êtes la mère ou le père.

L’attitude de celui qui écoute

Il va de soit que si vous écoutez pour écouter, l’interlocuteur va rapidement s’en rendre compte, le plus souvent inconsciemment. Du coup, la conversation sera biaisée.

Ainsi, une bonne écoute doit être basée sur l’investigation, je m’explique.

Si vous partez du principe que vous ne connaissez pas l’intimité de l’autre, et que vous ne savez pas ce qui est bon pour lui, l’investigation consiste à questionner pour essayer de comprendre. Ne pas juger, ne pas conseiller, mais juste diriger la conversation par des questionnements « curieux » sans objectif particulier.

Ne passez pas à l’action après avoir lu cet article.

Si vous passez à l’action après avoir lu cet article, il y a de fortes chances que vous ne soyez pas naturel. Ne changez pas vos habitudes et votre manière d’être trop radicalement, mais retenez le questionnement comme une porte de secours lors d’une conversation congestionnée. Ainsi, vous apprendrez progressivement à prendre une position d’écoute et d’ouverture, ce qui va certainement étonner votre interlocuteur.