Module 4 – Le corps oublié

SCRIPT :

En effet, nous autres, homo Sapiens, étions il y a de cela quelques milliers d’années seulement des chasseurs-cueilleurs. Nous vivions en parfaite harmonie avec cette nature qui a non seulement forgé nos corps en fonction de son écosystème, mais aussi sélectionné les plus adaptés. Dans un certain sens, nous pouvons affirmer que notre corps est le fruit le plus évolué, le plus abouti et le plus perfectionné qu’a jamais produit la nature. À cette époque, nos morphologies se ressemblaient, car la survie de chacun dépendait de son habileté à se déplacer, à chasser mais également à fuir les prédateurs.

Aux environs de 8’000 ans avant notre ère, est apparue la civilisation. À ce moment-là, nos corps ont subi la première involution en s’adaptant à un mode de vie éleveurs-agriculteurs. De ce fait, nous sommes devenus plus sédentaires. Grâce à l’invention de la roue par les Sumériens, nous avons appris à nous déplacer plus vite, avec plus de charge, mais avec moins d’efforts. Nos activités se sont spécialisées en même temps que nos corps se sont adaptés à l’environnement et à notre métier. Les mains d’un scribe ne ressemblaient alors plus à celles d’un agriculteur ou d’un forgeron.

La seconde involution morphologique a eu lieu durant la période de la révolution industrielle, soit dans le courant du 18^e et du XIX^e siècle. La société agraire et artisanale a évolué vers une société commerciale et industrielle. Celle-ci, basée sur l’optimisation des profits et donc la rationalisation, nous a engagés vers des activités de plus en plus spécialisées. Construire une automobile, par exemple, a été segmenté en de multiples tâches simples et fort ennuyeuses. Non seulement nos morphologies se sont adaptées en fonction de ces travaux, mais elles se sont dégradées en raison des normes de productions de plus en plus exigeantes pour les uns, et au contraire, de plus en plus passives pour les nantis.

Enfin, nous vivons actuellement cette troisième involution en raison de ce que nous appelons la révolution numérique. Grâce aux énergies, à la mécanisation et à l’automatisation, les travaux physiques sont de moins en moins sollicités et de moins en moins pénibles. Jamais comme auparavant autant d’individus n’ont une vie aussi sédentaire. Mais ce n’est pas tout. En raison de l’explosion de l’hyper connectivité, de l’Internet, des réseaux sociaux et de la gestion numérique de tous les aspects de l’existence, nos cerveaux – ou plutôt notre mental – s’hypertrophient. Ils se gavent de distractions et d’informations de plus en plus artificielles, et ce jusqu’à ne plus pouvoir distinguer celles qui sont utiles de celles qui encombrent l’esprit.

En bref, nous avons mis en place une civilisation qui, progressivement, nous éloigne des « paramètres d’usine » qui ont fondé ce que nous sommes avant tout : notre corps. La confusion entre la carte et le territoire, à savoir entre le réel et ce qui représente le réel, dont on dit que c’est le problème des fous, est de plus en plus construite dans notre civilisation numérique.

Ceci est un résumé du chapitre « Le corps oublié » de mon livre : La santé mentale rétablie dans ton corps.